Ce qui est fascinant dans les guédé c’est que chaque mois de novembre, les parents des chaque commune se réunissent pour donner à manger à leurs défunts qui reposent dans des petits cimetières de famille, dispersés ici et là dans les jardins.
La fête des guédé commence par chaque tombeau avec un groupe de fideles, il récite des prières catholiques et bénit les ancêtres et les esprits morts sous l’égide du bon Dieu. Les fidèles accompagnés des guédé (fidéles en transe, chevauchés par des esprits des morts) font les guignols et accomplissent le rituel en arrosant les tombes de café, de rhum et de cacahuètes.Aprés cette ceremonie, la fête commence : les guédé amusent le groupe avec leurs chants et leur histoires lubriques.
"Olé!! Regardez la gueule de Tinénè avec son gros zizi en bas du gros clitoris . Oyé! Oyé! Combien, combien petit nénè tu en as ecrasé, Quand tu fais l’amour (ou tu cognes), fais attention à mon clitoris. Regarde la mâchoire de petit nénè avec son gros zizi qui caresse en bas du gros clitoris … ».
Le language lubrique et la danse érotique des guédé manifestent l’intime liaison entre la mort et l’érotisme. Par leur exaltation érotique, les vivants réunis en groupe transmettent leur énergie vitale aux esprits morts.La dynamique est tres proche de celle des carnavals .
L’échange symbolique s’articule à ce don énergétique et les esprits transforment cette énergie en énergie divine qu’ils rendent en fertilisant la vie. Comme dans le sacrifice, les échanges cérémoniels destinés aux guédé, manifestent la vie jusque dans la mort.
Les fidèles se familiarisent collectivement avec la mort en se livrant tout entier à une théatralisation multiforme de l’expérience érotique. Un sentiment de continuité entre le monde des vivants et des morts leur est donné par la gabegie sans limite du corps dans la danse puis dans la transe et le sacrifice.
Le vodou se révèle être une expérience érotique collective. La transgression de l’interdit (transe, sacrifice, boire de l’alcool pimenté, manger du verre, grimper au poteau mitan, tenir un langage lubrique; permet aux fidèles d’éprouver son pouvoir de jouissance .
Participer aux rituels vaudou c’est transgresser, c’est être étranger dans sa propre demeure, être revenu d’ailleurs; Ne pas y participer, c’est refouler systématiquement tout le non-maîtrisable et tout l’angoissant, devenir le gêolier du plus étrange de soi, un policier de la libido.
Le vodou permet à ceux qui le pratiquent d’experimenter à différents niveaux et de façon diverses les relations entre le désir et l’effroi, le plaisir intense et l’angoisse.
Le vodou possède ses lieux d’initiation permettant de pousser les limites de la transgression de l’interdit toujours un peu plus loin. Les sociétés secrètes en Haïti répondent à cette expérience de la transgression où la levée des interdits, selon la gravité du sacrifice et les performances de la transe, éprouve au plus profond la personne et le groupe.