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Le sujet est vaste, souvent ignoré par notre mode de vie qui ne laisse que peu de choix ou de temps pour son étude et son apprentissage, le thème de la spiritualité reste encore à la marge des préoccupations de nos contemporains, surtout en Occident où la matérialité du monde se présente comme la seule alternative rationnelle à la réalité de celui-ci. Pour autant, et pour paraphraser André Malraux en d’autres de ses mots : "Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire au XXIe siècle." (1) Dans ce sens, et a contrario d’une certaine tendance actuelle, un revirement pourrait intervenir, peut-être en réaction à un monde déshumanisé, afin qu’un renouveau spirituel puisse émerger et s’établir en toute sagesse et sérénité pour en calmer les trop nombreux tourments et autres infernales désillusions mondialistes, voire aussi pour déjouer les délires transhumanistes en embuscade ou les hallucinants "désirs" de guerres…
Mais pour le profane, et même pour certains initiés : qu’est-ce donc que cette "spiritualité" dont on parle tant sans jamais oser en signifier clairement la véritable profondeur, ou l’altitude ? L’on ressent de suite que, de bas en haut, et inversement, à la manière d’un Hermès dans sa table (2), une dimension transparaît alors sur plusieurs niveaux au-delà du voile, du gouffre vers les sommets cette spiritualité aurait-elle justement la fonction initiatique d’un passage de l’un vers l’autre, ou bien de projection d’une vérité plus absolue que celle du commun des mortels ? Et justement, comment donc vouloir et pouvoir bien "s’équiper" pour une telle ascension en apparence si indiscernable ou si sensiblement hermétique ? Avant d’y accéder, il faut déjà comprendre un tant soit peu en quoi correspond "la spiritualité", ce que ce simple mot qui le désigne reflète de sens, mais aussi dans quelle direction il emportera celui qui s’y confronte et ce qu’il lui apportera. Effectivement, pour le profane la spiritualité sera telle une vision aussi vaporeuse qu’un brouillard sur une route de nuit, elle n’aura pas de correspondance tangible dans le quotidien pour spontanément s’affirmer avec un intérêt utile ou pragmatique, c’est qu’elle dépasse en effet cet aspect utilitaire accordé aux choses matérielles, elle ne s’en détache pourtant pas puisqu’elle explique cette même matérialité, celle de tous les possibles, en la transcendant.
La spiritualité sert donc de guide, c’est une expérience à la fois personnelle et intégralement universelle dans cette capacité à tout expliquer, dans cette accession à de multiples solutions autres que celles qui s’inscrivent dans un matérialisme pragmatique, ceci en dépassant ce dernier ou en le surmontant pour en avoir une hauteur de vue plus large, plus proche d’une vérité amplifiée par une sagesse bien plus éclairante. En d’autres mots la spiritualité permet d’accéder à une hauteur d’esprit qui s’apparente à une démultiplication de la conscience pour en dévoiler les liens intimes entre le soi et le monde, pour ainsi en trouver les chemins évolutifs les plus adaptés à la personne et s’y engager avec plénitude et sérénité. Il y a donc dans une juste démarche spirituelle la volonté pleine et assumée, non seulement de faire évoluer son esprit sur des horizons plus élevés et vastes, mais d’en percevoir clairement "les plans invisibles" qui s’en dégagent par les biais d’une révélation qui n’appartient qu’à soi. C’est aussi pour cette dernière raison qu’il est si difficile pour les uns et pour les autres d’en exposer une unique définition générique tant il n’y en a que de multiples et strictement personnelles qui façonnent chaque individualité dans sa propre recherche spirituelle, de ce fait y accéder c’est accéder à son véritable Soi, à une dimension plus haute de son Être, à son unification et à son édification.
Vouloir définir un "mode d’emploi" en ce qui concerne la spiritualité demeure tout aussi complexe car il existe une infinité de biais, tous intimement personnels et fonctions de l’histoire de chaque individu dans son propre contexte et entourage pour en trouver les bons chemins à emprunter singulièrement. Néanmoins, et de manière plus générale, une personne commence à s’intéresser à l’aspect spirituel de sa propre existence lorsqu’elle perçoit la nécessité d’en trouver un sens, rien de moins simple que de chercher un sens à sa vie, à tenter de comprendre ce qui a été entrepris par et pour soi-même, à se demander si l’instant ultime où l’on se pose la question n’est finalement pas déjà un début de conscientisation pour accéder au commencement d’une interrogation plus profonde, devenant elle-même sa propre dynamique de recherche, de simple curiosité ou semblant hasard l’on entreprend une quête de soi et du monde avec cette immense et vertigineuse vision qui s’ouvre soudain à l’esprit pour aller encore plus loin. Certes, tout le monde ne dispose pas de ce type d’automatisme naturel qui déclencherait, du jour au lendemain et sans vraiment prévenir, cette mystérieuse étincelle interrogeant au plus profond de soi, bien au contraire, ce sont encore une fois des circonstances personnelles qui occasionneront cette chance ou cette opportunité de s’engager sur cette voie d’ouverture d’esprit.
Ceci dit, la plupart du temps il n’y a pas de hasard, le regard que l’on se porte sur soi-même, c’est-à-dire cette "réflexion" au centre de son propre miroir, s’effectue toujours à un moment opportun, que ce soit durant une rencontre qui sèmera le germe de l’interrogation spirituelle, ou bien celui d’un évènement troublant s’avérant jouer le rôle d’un essentiel catalyseur… Parfois la prise de conscience commence par un accident apparemment futile ou de second ordre dans la vie de la personne, puis, par les méandres subtils qui forment les possibles chemins sur lesquels l’existence s’appuie, vient l’instant fugace d’une sorte d’interrogation qui illumine la conscience en lui désignant une autre direction plus élevée dans sa propre vie et celle des siens. Des circonstances spéciales peuvent intervenir dans ce sens où l’on a une intime et certaine conscience d’entrer dans une dimension spirituelle plus affirmée ou nouvelle, par exemple lorsqu’une maladie, un accident ou une circonstance autre du même acabit sont très clairement perçus comme une interruption de la routine quotidienne avec l’étrange sensation que la suite des événements n’est plus écrite comme on l’aurait pensé habituellement. De cette désorientation naît généralement la recherche induite d’une redirection intellectuelle et spirituelle très différente de la précédente période d’existence, suivant un élargissement de la conscience, le début d’une élévation spirituelle réelle qui perdurera pour affiner son objectif de recherche d’évolution.
Les initiés, sans vouloir les différentier de manière hautaine ou discriminatoire en regard des plus profanes d’entre nous, disposent de cette élévation spirituelle propre à leur donner par bien des aspects intéressants les meilleures directions à des fins d’évolution, ils ont eu, plus ou moins, de cette première étincelle révélatrice la vision de leur moi réel, c’est-à-dire de ce qu’ils sont sur plusieurs plans d’existence, en des dimensions dites spirituelles supérieures que l’on pourra d’ailleurs appeler sous d’autres termes plus adaptés (ange gardien, entité tutélaire, djinn personnel, etc…). Chacun, dans cette posture d’initié, dispose aussi du choix, celui de son libre arbitre qui n’est lui aussi rien d’autre qu’une initiation en soi, celle d’effectuer des rituels simples, comme la méditation et l’étude de textes sacrés ou bien des travaux plus complexes comportant des applications relatives à la magie naturelle ou à des cérémonials plus poussés et plus contraignants s’ils en ont la volonté de s’y engager. Certains, mais encore une fois c’est leur choix, iront jusqu’à modifier leur alimentation ou prendre certaines substances en vue d’expériences psychosensorielles leur apportant des réponses qu’ils n’arrivent pas forcément à obtenir par des voies plus normatives. Sur ce point je ne recommande nullement ici cette utilisation qui reste néanmoins celle que la plupart des chamans ont pu expérimenter durant des millénaires, mais nul n’est chaman qui veut et l’itinéraire des initiés de haute magie est assurément parsemé de terribles souffrances avant d’arriver à une quelconque extase véridique et significative…
Pour finir, comme le disait Paracelse (3) : "Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison", dans ce sens voyons aussi la spiritualité, la vraie, comme un soin de l’âme en sachant bien la doser, sans hasard, selon le besoin et la nécessité, forcément d’orientation karmique à ce niveau d’exercice infiniment complexe !
Jean-Pascal BRUNO, sorcier chaman professionnel
Note (1) : Propos rapporté par Brian Thompson dont Malraux lui aurait dit mot pour mot que le « XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas » au cours d’une interview donnée à Verrières-le-Buisson en 1972. Marlaux ayant rectifié en 1975 que : "On m’a fait dire que le XXIe siècle sera religieux. Je n’ai jamais dit cela, bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire."
Note (2) : En référence à la Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste, voir le lien ici sur le blog
Note (3) : Paracelse (1493-1541), médecin, philosophe et alchimiste, mais aussi théologien laïc suisse.
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